HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 90 : LE PROJET DE LA DISCORDE

 

-       Et bien allons-y ! annonça Mrs Weasley, lorsqu’ils eurent tous pris le temps de manger à leur faim.

          Ils transpanèrent tous ensemble devant le portail d’entrée au parc de Poudlard.

-       Vous ne pensez pas qu’on aurait dû prévenir, avant de venir ? demanda Mrs Weasley.

-       Mais non, répondit Ron, ils nous connai…

-       BOUM !

          Une énorme fusée rouge venait de sortir par une des meurtrières du château et explosa juste au-dessus d’eux.

          Mrs Weasley se jeta par terre dans les herbes et tenta de les forcer tous les quatre à faire de même. Mais ils avaient tous sorti leur baguette.

-       Finite enchantatum ! s’exclama Harry, en pointant plusieurs autres petites fusées qui avaient résulté de l’explosion de la première, et qui fonçaient sur eux.

          Certaines se stoppèrent mais la plupart continuèrent de foncer sur eux.

-       BOUM !

          Une fusée heurta le sol en y creusant un cratère et Harry vit la silhouette de Ron faire un vol plané à plusieurs mètres dans les airs avant de s’écraser lourdement sur le sol.

          Quelques secondes plus tard, une autre fusée manqua de justesse Harry qui s’était jeté à nouveau au sol pour l’éviter.

-       Fusaboom immobilis !

          Harry releva la tête, les fusées s’étaient mystérieusement arrêtées au-dessus de lui.

          Il se retourna vers l’endroit d’où était venue cette grosse voix.

          Hagrid sortait de la Forêt Interdite et se tenait entre deux arbres.

-       Plus la peine de vous présenter le nouveau système anti-intrusion, vous l’avez découvert tout seul, dit Hagrid sur un ton amusé.

-       En tous cas il est efficace, dit Ron qui se massa le dos.

-       Aha ! Ahaha ! Où sont les intrus ?

          Mrs Bett venait d’apparaître de nulle part sur son Eclair de Feu et fit un rond au-dessus d’eux pour tenter de localiser des agresseurs.

-       Où êtes-vous ? Aha, Pot-Pot, tu les as effrayés ! Bande de peureux, je vais vous attraper !

          Mrs Bett fonça avec son balai dans la Forêt Interdite et sa silhouette disparut rapidement dans l’obscurité.

-       Roselyne !

          Mais il était trop tard, le professeur Fitz arriva en courant. Il avait déjà traversé tout le parc en courant et, comme il n’était plus jeune, s’appuya sur Hagrid pour se reposer.

-       Où est… Roselyne ? demanda-t-il d’une voix faible.

-       Dans la Forêt, répondit Hermione, on n’a pas pu l’en empêcher !

-       Bah, vous croyez que la Forêt Interdite lui fait peur ? demanda Maugrey qui venait d’arriver sur son balai.

-       Elle est envahie de… de Mangemorts, souffla le professeur Fitz.

-       Sur son balai, c’est la meilleure, elle ne craint rien, même contre tous les Mangemorts réunis, dit Maugrey d’une voix forte.

-       Je suis désolé, dit le professeur Fitz, en se tournant vers Mrs Weasley et vers tous les quatre. On a mis en place le nouveau dispositif il y a tout juste dix minutes. Hagrid devait le tester en arrivant par la Forêt Interdite… Au moins, on a compris que ça marchait…

-       Comment fonctionne-t-il ? demanda Hermione.

-       C’est simplement des sortilèges Anti-Intrusion placés tout autour du parc qui déclenchent le lancement des fusées, il n’y a besoin de personne, tout fonctionne tout seul. Les gens qui connaissent l’incantation pour s’en débarrasser n’auront pas de problèmes. Mais les vrais intrus qui ne la connaissent pas auraient un mal fou pour passer.

-       Mais tout le monde la connaîtrait vite, cette incantation, dit Hermione. Les J.M.P. n’auraient qu’à aller la donner aux Mangemorts.

-       Nous faisons en sorte de ne pas la divulguer, les élèves ne sont pas sensés la connaître, puisqu’ils n’ont pas le droit de passer les frontières du parc.

-       Mais on pourrait entendre les Aurors la prononcer et ça suffit, nous la connaissons déjà…

-       Ca c’est parce qu’Hagrid a encore du mal avec les sortilèges non prononcés, il a été privé de Magie pendant tellement longtemps. Mais évidemment personne n’est sensé prononcé cette formule.

-       Il n’y a pas un moyen de la changer régulièrement ? demanda Hermione.

-       Non, ce n’est pas comme un mot de passe, l’incantation d’un sortilège lui est vraiment propre, il arrive que plusieurs incantations fonctionnent, mais on ne peut pas en inventer, expliqua le professeur Fitz.

-       Oui, mais il y a des moyens de déguiser la véritable incantation, j’ai lu ça un jour, mais je ne sais pas comment faire…

-       On pourra demander au professeur Tanghudaï, c’est bien le seul qui doit pouvoir connaître ça. Mais si c’était simple, je suis certain qu’il nous en aurait parlé lorsqu’on l’a consulté…

-       Il y a d’autres nouveaux équipements pour la sécurité du château ? demanda Hermione.

-       Non, pas encore, nous allons poursuivre la construction des murailles autour du château et renforcer la sécurité à l’intérieur des murs. Pour l’instant, ce système de fusées nous permet de localiser rapidement les intrus et de les tenir à distance quelques temps en attendant une intervention des Aurors, et éventuellement même les repousser.

-       Et il n’y a vraiment aucun moyen de les immobiliser, autre que fusaboom immobilis ? demanda Hermione.

-       Si, bien sûr, mais ce n’est pas du niveau des Mangemorts, et toutes les créatures magiques seront repoussées car elles ne peuvent rien contre les fusées.

          Un pigeon vint se poser dans le pré devant eux pour y picorer quelques graines qu’Hagrid avait laissé tomber là en nourrissant ses créatures.

          Il y eut une nouvelle explosion et une fusée traversa le parc pour venir heurter le pigeon qui s’était pourtant envolé. Celui-ci explosa si bien qu’il n’en resta pas un morceau.

-       C’est violent ! s’exclama Ron, qui était plus inquiété que rassuré par ce nouveau système.

-       Oui, il va falloir faire quelques réglages encore, espérons qu’aucun hibou ne sera blessé…

-       Plutôt explosé, corrigea Ron.

-       Au fait, pourquoi êtes-vous là ? demanda le professeur Fitz, ignorant Ron.

-       On voulait simplement aller travailler au Quartier Général de l’Ordre du Phénix, répondit Hermione sans donner plus de précisions.

-       Très bien, très bien, allez-y…

-       Et moi, je venais vous voir pour les conseils d’orientation, ajouta Molly.

-       Ah oui ! Merci, j’avais presque oublié avec tout ça. Ce n’est pas trop le moment, mais il me semble que le professeur Ombrage est dans son bureau, je vais venir avec vous mais encore deux minutes, il faut régler quelques trucs avec Hagrid. Quant à vous, je vous laisse y aller, dit-il en s’adressant à tous les quatre.

-       A tout à l’heure et soyez prudents ! s’exclama Mrs Weasley.

-       Elle croit quoi, qu’on va se faire attaquer par une armure ? mumura Ron.

          L’entrée du château était toujours déserte. Les Aurors qui la surveillaient habituellement étaient toujours en vacances, bien méritées. Ils purent ainsi se rendre jusqu’à la Salle du Phénix sans encombres : il n’y avait pas un chat, même pas Miss Teigne.

 

-       Par où on commence ? demanda Ron ironiquement en parcourant des yeux les nombreuses rangées de livres.

          La Salle du Phénix en était remplie, il y en avait des milliers, parfaitement rangés et alignés sur leurs étagères en bois.

-       Je n’en sais rien, répondit Hermione. Il n’y a aucune logique dans ce rangement, je pense que l’on va y passer des heures.

          Les livres semblaient en effet classés d’une manière aussi farfelue que ce que l’était Dumbledore. A chaque fois qu’Harry avait parcouru cette bibliothèque, il avait trouvé ses livres au hasard, et ils n’avaient absolument aucun rapport avec les livres qui étaient à côté. Il n’était donc pas rare de trouver un livre de Magie Noire terrible entre deux livres de Magie Blanche. En réalité, c’était la première fois qu’Harry y cherchait quelque chose de précis, et il comprit que ça n’allait pas être facile.

-       Dans quel type de livre doit-on chercher, au moins ? demanda Harry.

-       Je n’en sais pas plus que vous, rétorqua Hermione. Ca peut être de la Magie Blanche comme de la Magie Noire…

-       La Clef de la Paix, de la Magie Noire ? s’étonna Harry.

-       En effet, ça n’a pas le nom pour, mais après tout, qu’est-ce qu’on en sait ?

-       Ben bon courage, dit Ron qui avait déjà pris un livre au hasard.

          Harry prit le premier livre qu’il trouva. En réalité, il s’était plus fié à son intuition, il avait choisi une étagère qui l’inspirait et avait ensuite choisi un livre qui l’avait attiré.

          Il était très vieux, si bien que la moitié du titre n’était plus lisible à cause d’un morceau du cuir qui s’était déchiré et perdu.

          Harry l’ouvrit et lut le titre : L’Enchantement de Brookley. Il regarda plus en détail ce qu’il y avait dans ce livre, mais il ne lui semblait pas que cela puisse concerner le Clef de la Paix. Il y avait de nombreux schémas similaires à ceux qui lui avaient permis d’apprendre l’enchantement de l’Ouverture Invisible, mais celui-ci semblait beaucoup plus difficile : un livre entier lui était consacré.

          Harry avait d’abord, par curiosité, voulu savoir de quoi il s’agissait, mais lorsqu’il repensa à la montagne de livres qu’il devait fouiller, il se dit que ce n’était pas le bon moment et il referma le livre.

-          On devrait s’organiser, non ? demanda Harry, on risque de regarder plusieurs fois le même livre.

-          Chacun n’a qu’à faire déjà son étagère ! dit Hermione qui était en train de feuilleter trois livres en même temps.

-          OK !

          Harry prit le livre qui était à droite du premier. Il avait pour titre : Magies sombres de la nature. Encore une fois, il trouva que ce livre semblait très intéressant, il était tenté de lire les dizaines de pages qui parlaient de toutes les formes de Magie Noire que l’on pouvait observer chez les plantes magiques et dans la nature. Mais là encore, ce livre ne pouvait pas avoir de rapport avec la Clef de la Paix, et Harry le reposa, prenant celui d’à côté.

          Il passa plus d’une heure à consulter une seule rangée d’une étagère et y trouva des livres aux titres les plus bizarres et qui touchaient aux domaines les plus variés : Aux origines des guerres Népalaises, Histoire d’une Magie pure, Les oubliés de la naissance du Quidditch, De la condition des Boudons, Encyclopédie des Yuccahidés, Mémoires d’un ressuscité, Les pouvoirs des sirènes, Le mythe de l’Océanide, Quand la Magie Blanche joue avec la vie, Introduction à la métamorphose des potions de somnolence.

          Harry passa ensuite à la deuxième rangée de l’étagère, et se demanda combien de jours ils allaient passer ici à fouiller tous ces livres. Il se demandait d’ailleurs pourquoi Dumbledore avait rangé ses livres dans un tel désordre.

          Mais il continua, en restant le plus possible attentif, il pouvait n’y avoir qu’une phrase sur la Clef de la Paix, dans un livre, et s’il la ratait, ils auraient tout à recommencer, car Harry en était sûr, il y avait ici un livre qui parlait de ce mystérieux objet, il le sentait, sans savoir pourquoi. Il parcourait donc chaque page en attendant que les mots « Clef de la Paix » lui sautent aux yeux, mais cela ne venait pas.

-          Ca avance ? demanda Ron avec un ton las.

-          J’ai rien trouvé, répondit Hermione, j’ai trouvé un livre qui parlait à un endroit d’une clef, mais c’était juste la clef qui ouvrait un trésor dans un temple chinois, j’ai bien lu, ça n’a aucun rapport.

-          On n’y arrivera jamais, se plaignit Ron, vous avez vu ce qu’il reste !

-          Ce n’est pas avec cette attitude que l’on va avancer, Ronnie chéri, motive-toi. Passons-y au moins encore une heure aujourd’hui.

          Harry s’y replongea, il regarda encore plusieurs livres avant d’ouvrir Les guerres ministériennes.

          Alors qu’il parcourait rapidement des yeux chacune des pages, cinq mots sautèrent immédiatement aux yeux d’Harry : « la clef de la paix ».

-          J’ai ! cria Harry.

          Hermione, Ron et Ginny arrivèrent en courant et Hermione prit immédiatement le livre des mains pour lire à haute voix très rapidement le passage concerné.

 

          Lorsque les Gobelins ont engagé leurs revendications en février 1851, la communauté a semblé courir à la catastrophe. Paralysé par la grève des Aurors qui se faisaient décimer par les mages noirs isolés, le Ministère a su pourtant se relever. La clef de la paix a finalement été la création du Département des Mystères, qui a permis d’éviter que toutes les recherches en Magie Noire continuent de fournir des armes aux mages noirs.

 

-            Non, malheureusement, rien à voir, je le crains, répondit Hermione, mais ce  livre a l’air intéressant !

         

          Leurs longues recherches n’apportèrent rien aujourd’hui. Mrs Weasley les avait rejoint dans l’après-midi et par curiosité avait feuilleté quelques livres avant de faire ses mots-croisés magiques dans Sorcière Hebdo.

-          Il est temps de rentrer, dit-elle lorsque dix-huit heures sonna.

-          Bonne idée, dit Ron.

-          Oui, accepta Hermione, mais il nous faudra sûrement revenir un autre jour.

-          Pourquoi faire ? demanda Mrs Weasley.

-          Oh rien, on se cultive, ici, répondit Hermione.

          Mrs Weasley n’y croyait pas vraiment et personne n’y aurait cru, elle n’avait cessé de les voir parcourir rapidement leurs livres avant d’en prendre un autre et cela n’était pas l’attitude de quelqu’un qui se cultive, mais plutôt de quelqu’un qui recherche quelque chose.

 

          Mrs Weasley avait invité Lupin et Tonks ce soir au Terrier, et ils arrivèrent en compagnie de Mr Weasley, qui cette fois, avait pu quitter son travail à l’heure.

-          Au fait, où sont Bill et Fleur ? demanda Harry à Ron.

-          Ah, ils sont partis pour un mois en Roumanie avec Charlie. Bill avait besoin d’un travail plus cool, mais ils devraient revenir de temps en temps.

-          Chéri, comment se passent les opérations au Ministère ? demanda Mrs Weasley.

-          Et bien de mon côté, ça va mieux, maintenant que tout est organisé, il n’y a plus qu’à faire ce qui était prévu. Les Oubliators continuent de s’occuper des Moldus qui ont tout vu et beaucoup ont déjà été libérés. Nous sommes en train de mettre en place un périmètre de sécurité pour que personne ne s’approche des décombres. Il nous faut aussi reloger les Moldus que l’on a déplacés et ils sont vraiment difficiles…

-          Il faut les comprendre, tu aimerais qu’on te chasse de chez toi sans te donner de raison ?

-          On leur dit qu’il y a des risques sismiques, mais beaucoup ne veulent rien entendre.

-          Et le Département des Mystères, il en reste quelque chose ? demanda Harry.

-          Oui, presque tout, finalement. Mais pour l’instant c’est top secret, il ne faut pas que Voldemort apprenne que le Département des Mystères est intact, il risque de vouloir s’en emparer, alors on s’organise pour surveiller en permanence. Fudge voulait tout abandonner, il dit qu’il s’en fout de ce qui se passe au Département des Mystères, mais c’est tellement important, tout le monde s’y est opposé et beaucoup veulent que le Ministère retourne à sa place.

-          C’est impossible, maintenant qu’il y a ce Temple, répondit Harry.

-          Oui, il est intouchable, impossible de s’en approcher même, le Département des Mystères a été coupé en deux lorsqu’il est apparu, il est impossible de passer en dessous, la roche fond tellement qu’il y fait chaud.

-          Au moins il n’y aura plus besoin de chauffage, fit remarquer Ron.

-          Ron ! se lamenta Mrs Weasley.

-          Ben quoi, il faut voir le bon côté des choses !

-          Arthur, qu’en est-il à propos des Portes à Transplaner ? demanda Lupin.

-          Malheureusement, Celles qui étaient en attente d’être livrées étaient stockées dans le hangar du dernier étage, elles ont été détruites. Mais nous avons jugé que c’était l’une des priorités du Ministère et les Langues de Plomb se chargent d’en concevoir d’autres et éventuellement des les améliorer.

-          Il y en aura à Poudlard ?

-          Ce serait à éviter, en fait, intervint Tonks, les professeurs ont décidé que ce serait préférable qu’il n’y en ait pas, les Mangemorts ont réussi à passer par le Ministère, il n’y avait pas suffisamment de surveillance, et c’est un risque pour l’école.

-          Eh bien, répondit Arthur, nous comptions en fait installer toutes les Portes à Transplaner dans la cour centrale du bâtiment du Ministère dans le château, il n’y en aurait donc pas directement dans l’école. Mais le Ministère a fait son maximum pour protéger l’école, ce n’est pas juste de lui dire que c’est de sa faute…

-          Je le sais bien, Arthur, répondit Tonks, mais il suffit que le Ministère tombe pour que l’école tombe, et les professeurs ont décidé de ne pas prendre le risque.

-          Et mon projet ? Sans Poudlard, ça sera beaucoup plus dur, répondit Mr Weasley, qui avait l’air choqué.

-          Quel projet ? demanda Harry.

-          Le Département des Sécurités magiques a décidé de lancer un nouveau projet pour sécuriser l’ensemble de la communauté magique. Les tests effectués au Chemin de Traverse se sont révélés concluants. Notre but est de placer tous les lieux magiques importants sous protection Anti-Transplanage. Il n’y aura plus aucun moyen de se déplacer autre que les Portes à Transplaner. La communauté serrait resserrée et en une minute, il serait possible d’être n’importe où. Tout le monde pourrait ainsi se regrouper quelque part en cas d’attaque pendant que les Aurors combattent et il n’y aurait plus que peu de pertes civiles.

-          Mais les Mangemorts pourraient être aussi partout à la fois en une minute, répondit Harry.

-          Non, les Portes à Transplaner ne devraient plus pouvoir être passées par les Mangemorts désormais, les spécialistes du Ministère sont en train de mettre au point un nouvel enchantement. Il restera ensuite à s’assurer que plus personne ne pourra entrer dans les lieux magiques principaux en venant par les airs ou à pieds par exemple. Il y aura des sortilèges Anti-Intrusion partout avec des systèmes de lutte conçus par Fred et George. Il ne sera plus possible de s’approcher de nos lieux magiques.

-          Mais comment feront les gens pour y aller, alors ? demanda Tonks qui ne comprenait plus rien.

-          Vous n’avez pas reçu notre rapport ? demanda Mr Weasley.

-          Oui, oui, mais pour l’instant Shiner l’a gardé, il va d’abord consulter Fudge avant de nous le montrer.

-          Il faudrait qu’ils fassent vite, le Département des Sécurités magiques travaille depuis plusieurs mois sur ce projet et maintenant que tout est prêt, nous avons seulement besoin de moyens financiers et humains.

-          Et alors, comment les gens pourront aller dans les lieux magiques, si tout est fermé ? demanda Tonks.

-          Ils y habiteront, nous allons demander aux sorciers de quitter leurs habitations pour qu’ils se regroupent dans les habitations vacantes du Chemin de Traverse, nous souhaitions aussi utiliser certaines parties vides de Poudlard…

          Harry ouvrit grand ses yeux de surprise.

-       Ah non, personne n’acceptera ! s’exclama Tonks. Poudlard est Poudlard, Dumbledore n’aurait jamais accepté que l’école…

-       Mais le Ministère…

-       Poudlard a toujours été séparée du Ministère, la communauté entière ne peut pas venir s’installer dans le château, cela mettrait profondément en danger l’école.

-       Arthur, cela ne sera pas possible, intervint Lupin.

-       Il est temps de savoir où sont les priorités de notre communauté, répondit Arthur. Nous regrouper est la meilleure façon d’assurer notre sécurité. Poudlard est naturellement protégée, il est normal que tous les sorciers puissent bénéficier de sa protection en ces temps…

-       Alors les gens vivront au milieu des élèves et n’importe qui pourra se balader dans le château sans être soupçonné. Si les Mangemorts passent, c’est la fin et de la communauté, et de l’école, dit Lupin.

-       Vous manquez tous d’ambition, répondit Mr Weasley. Le Ministère propose d’agir vraiment pour la sécurité.

-       Non, répondit Harry. On ne doit pas vivre cloîtrés en attendant que Voldemort tombe tout seul, sinon il aura la liberté de faire ce qu’il veut, on doit le déranger, sinon il se sentira en force.

-       Même toi tu ne comprends pas, Harry, dit Mr Weasley sur un ton gentil même si on sentait sa colère monter.

-       Il faut protéger les gens, mais ce n’est pas la bonne façon, avec ce projet, les gens ne sauront plus se défendre par eux-mêmes, et si les Aurors sont tués, c’est la catastrophe assurée, dit Lupin.

-       Le projet est prêt, répondit Arthur, vous verrez que ça va fonctionner, rien ne nous fera reculer, ce sont des mois de travail.

-       Les professeurs s’y opposeront de toute façon, répondit Lupin sur un ton grave.

-       Les professeurs n’ont pas à décider, Fudge a le pouvoir de réquisitionner l’école.

-       ARRETEZ ! hurla Mrs Weasley.

-       Molly, s’il te plaît, c’est important, dit Lupin.

-       Molly, nous allons quitter le Terrier pour montrer l’exemple.

          Molly resta bouche bée sur ce que venait de dire son mari.

-       Mais…

-       Ne discute pas, chérie, c’est la meilleure des solutions.

-       Mais, Arthur, l’Ordre du Phénix… tu ne devrais pas laisser passer un tel projet… Dumbledore n’aur…

-       Dumbledore est mort ! répondit Mr Weasley, nous entrons dans une nouvelle époque, le temps de la stagnation est terminé.

-       ARTHUR ! hurla Mrs Weasley.

-       Je suis désolé, Arthur, je n’aurais jamais cru ça de toi, répondit Lupin, mais je n’ai plus rien à faire ici. Au revoir Molly.

          Molly s’effondra sur une chaise et se mit à pleurer très fort alors que Lupin, Tonks, Harry, Ron, Hermione et Ginny étaient en train de s’en aller.

-       Les enfants… ! Je vous interdis… ! sanglota Mrs Weasley d’une voix faible.

-       Ron et Ginny ! tonna Mr Weasley. Vous venez ici immédiatement.

-       Au revoir ! hurla Ginny, dégoûtée.

-       A Poudlard, vite ! dit Lupin sur un ton grave. Transplanez tous devant l’entrée.

          Mr Weasley sortit en courant de la maison et leur courut après, mais il était trop tard. Tous avaient déjà transplané.

         

          Harry était profondément sous le choc. Ils avaient actuellement beaucoup de problèmes, mais il ne s’attendait pas à une grave dispute.

          Jamais il n’aurait imaginé que Mr Weasley fasse passer le Ministère avant l’Ordre du Phénix. Il regarda Ron et Ginny qui devaient être encore plus mal d’avoir quitté leur maison.

-       Bien, on va tous aller à Poudlard en attendant, dit Lupin.

          Il s’efforçait de garder un ton calme mais on voyait qu’il était bouleversé.

-       Dépêchons-nous, il ne fait pas chaud, nous allons nous enrhumer.

          A peine ils passèrent le portail d’entrée de l’école, plusieurs fusées foncèrent sur eux dans un sifflement.

          Lupin les arrêta immédiatement grâce à la formule adaptée.

          Ils coururent jusqu’au château, le vent était terrible et avec la nuit qui venait de tomber, la température était glaciale.

          Hermione ne cessait de lancer des regards terrifiés à Harry qui évitait de la regarder pour ne pas être encore plus attristé par la situation.

          Ils arrivèrent après une longue course devant les portes du château qui étaient ouvertes. Le professeur Fitz, alerté par les fusées, était venu voir, accompagné du professeur Dillantis et du professeur Tanghudaï.

-       Ah, Remus, dit-il.

          Mais lorsqu’ils passèrent la porte, leurs visages s’éclairèrent, et le professeur Fitz comprit immédiatement que quelque chose n’allait pas.

-       Que se passe-t-il ? Pourquoi êtes-vous essoufflés…

-       Couru… répondit Lupin brièvement.

          Il reprit sa respiration un instant.

-       Arthur Weasley, on s’est disputés, le Département des Sécurités magiques veut que tout le monde se regroupe à Poudlard.

-       Quoi ? Mais depuis quand ont-ils cette idée ?

          Lupin expliqua tout ce qui venait de se passer et essaya de décrire le plus en détails possibles le projet de Mr Weasley.

-       Arthur ? Mais qu’est-ce qui lui prend ? s’étonna le professeur Fitz.

-       Je n’en sais rien, apparemment, cela fait plusieurs mois que le Département des Sécurités magiques prépare ce projet.

-       Et Molly, où est-elle ?

-       Elle est restée à leur domicile pour l’instant. Il vaut mieux, j’espère qu’elle va le raisonner.

-       Par la Barbe de Merlin, et vous, maintenant, qu’allez vous faire ? demanda le professeur Fitz en s’adressant à Harry, Ron, Hermione, et Ginny.

          Ils haussèrent les épaules comme réponse.

-       Bien sûr, vous pouvez rester à Poudlard, mais vous ne pouvez pas quitter comme ça… Bon, il faut absolument éviter ça, je n’imagine pas que Poudlard tienne une semaine si des gens viennent habiter ici, nous avons déjà du mal à assurer la sécurité des élèves, si tous les sorciers viennent ici, ce sera impossible. Réunion demain matin à sept heures d’urgence, il faut prévenir tous les professeurs, je m’en occupe. Haïo, vous pouvez m’aider ?

-       Bien sûr, répondit le professeur Tanghudaï en s’inclinant légèrement.

-       Vous avez besoin de moi ? demanda Lupin.

-       Non, je ne sais pas…

-       En fait, je vais rester avec eux, c’est important.

-       Oui, je comprends, venez me voir dans mon bureau si vous avez un problème, ou alors retrouvez moi avec votre Carte, dit-il en s’adressant à Harry.

          C’est alors qu’Harry se rendit compte que toutes ses affaires étaient restées au Terrier, et notamment la lettre de Dumbledore. Il devait absolument aller la chercher. Si Mrs Weasley la découvrait, c’était une catastrophe. Heureusement, elle était bien cachée dans un faux-fond de sa valise, mais il ne pouvait pas courir le risque.

-       Nos affaires, dit Harry à Lupin, je ne veux pas les laisser…

-       Harry, je vais y retourner tout à l’heure, mais d’abord, parlons un peu.

          Lupin s’arrêta un instant. Tonks, elle, ne disait rien, elle attendait l’avis de son mari.

-       Je ne m’attendais pas du tout à ça… Arthur, dire ça, ce n’est plus le même. Je crois en savoir la cause… Son poste au Ministère, haut placé, la concurrence qu’il y a pour être influent. Finalement, cette promotion ne lui a pas fait du bien. Il était heureux au début, de gagner un peu plus d’argent, d’avoir des responsabilités, mais finalement, il est tombé dans ce qu’est tombé Percy, l’ambition, quitte à faire n’importe quoi et à renier ses origines.

          Harry réfléchit, il n’avait pourtant rien vu venir.

-       Mais ce n’est pas de la faute d’Arthur, je crois que c’est la notre, à tous.

-       Comment ça ? demanda Tonks.

-       Oui, nous n’avons pas été assez présents, répondit Lupin.

-       On ne le voit jamais, admit Ron. On reste tout le temps ici, à Poudlard.

-       Oui, Arthur a trouvé de la considération à son travail. Du moins, il en a trouvé plus que parmi son entourage et sa famille.

          Ron et Ginny se sentirent immédiatement fautifs et Lupin le remarqua.

-       C’est notre faute à tous, et pas plus à toi Ron, et à toi, Ginny. Et il n’est pas trop tard, je vais retourner parler à Arthur tout à l’heure, mais j’aimerais être seul, vous allez rester là pendant ce temps. En attendant, venez dans mon bureau.

          Harry était toujours sous le choc. Mr Weasley avait toujours été quelqu’un de très gentil, il ne comprenait qu’il puisse avoir agi de cette manière seulement à cause de ses ambitions.

          Mais ce qui scandalisait le plus Harry, au-delà du fait qu’il proposait quelque chose de dangereux pour l’école, était le fait qu’il ait oublié si vite Dumbledore et l’Ordre du Phénix. Comment pouvait-il penser qu’une nouvelle ère allait commencer qui serait mieux que lorsque Dumbledore était encore là ?

          Pourtant, Mr Weasley avait participé à la réunion avec l’Ordre du Phénix le matin-même, et comme d’habitude il s’était montré très ouvert.

          Mais peut-être qu’en réalité, Mr Weasley couvait son projet depuis plus de temps, mais n’avait pas osé le leur en parler. Et c’était d’ailleurs étonnant que Tonks, qui travaillait au Ministère, n’en soit pas au courant.

          Harry était donc particulièrement secoué. Habituellement, il faisait face aux Mangemorts. Mais c’était la première fois qu’il se sentait mal vis-à-vis de gens dont il était proche auparavant, et il espérait que la situation s’arrange rapidement, même si les mots de Mr Weasley l’avaient blessé.

          L’aide de ses amis était quelque chose de très important, c’était même sa force que n’avait pas Voldemort. Alors cela le rendait triste et le faisait douter.

-       Prenez du chocolat, leur dit Lupin en leur tendant une grosse tablette de chez Honeydukes.

-       Non merci, répondit Harry.

-       Mais oui, cela te fera du bien.

          Harry en prit un morceau et constata une nouvelle fois les effets du bon chocolat. Il se sentit un peu plus détendu, mais cela allait être de courte durée.

-       Bien, je vais tout faire pour raisonner Arthur, mais je crains que ce ne soit pas facile. Je vais aussi parler à Molly et lui dire que vous allez bien, je n’ose même pas imaginer dans quel état elle doit être en ce moment même. Mais il faut nous préparer à la pire des choses…

          Harry se demanda qu’est-ce que cela pouvait être.

-       Si jamais je ne réussis pas à le convaincre, et qu’il choisit le camp du Ministère…

-       Tu ne sous-entend pas qu’il va nous trahir, quand même ? s’insurgea Tonks.

-       Papa, ce n’est pas possible, il va se calmer, dit Ron.

-       Je ne fais qu’envisager toutes les possibilités. L’Ordre du Phénix serait alors gravement en danger…

-       Papa ne nous trahira pas ! hurla Ron, qui semblait regretter d’être parti.

-       Bien euh… balbutia Lupin. Je suis désolé, je devrais peut-être attendre de lui avoir parlé.

          Lupin s’arrêta, Harry le comprenait parfaitement, et savait qu’il allait avoir du mal à faire accepter ce qu’il allait dire à Ron et Ginny.

-       L’Ordre du Phénix, reprit Lupin, n’est pas bien vu du Ministère depuis que Fudge est revenu, il est important que nous préservions notre indépendance. Et même si Arthur ne va pas nous trahir, il se peut qu’il divulgue des informations par mégarde en étant trop proches de certains membres du Ministère…

-       Papa n’a jamais commis d’erreurs, répondit Ron. Et d’ailleurs, pourquoi est-ce que son plan n’est pas bien ?

-       Il mettrait en danger gravement l’école et les élèves qui n’apprendraient plus à se défendre, les gens se contenteraient d’attendre et se démobiliseraient, c’est contraire à ce que nous essayons de faire passer par l’Ordre du Phénix.

-       Je comprends que les gens ne veulent pas affronter les Mangemorts, répondit Ron.

-       Ce n’est pas le travail de certains qui risquent leur vie pour tout le monde. Notre communauté a besoin de l’aide de tout le monde. Oui, il y a des victimes, oui, on en souffre, mais il faut agir avec courage et ne pas  nous isoler car nous finirions par céder.

-       Et Voldemort finirait par abandonner, répondit Ron.

-       Ron, sois sérieux, tu crois vraiment que Voldemort va abandonner, il va constituer une armée encore plus forte, il dispose de milliers de Mangemorts potentiels dans les autres communautés et il s’occupe déjà d’aller les recruter. Ce n’est pas son genre d’abandonner, et en nous cloîtrant, nous nous priverions de notre liberté d’action. Nous devons nous-mêmes traquer Voldemort, ce n’est pas lui qui doit nous traquer. Nous devons préserver notre communauté coûte que coûte. Si l’on privilégie Poudlard, les autres lieux seront abandonnés à Voldemort au bout d’un moment, nous ne pouvons pas laisser faire ça.

          Ron était confus, il ne voulait pas que sa famille se déchire, mais en même temps, il était d’accord avec ce que venait de dire Lupin. Ginny, elle, était totalement silencieuse, appuyée sur Harry. C’était le seul réconfort qu’elle pouvait trouver.

          Il y eut un long silence maladroit et personne ne savait de quoi parler. Harry réconfortait Ginny tout en regardant Fumseck qui l’aidait à vider son esprit et à se calmer. Sans cela, il avait l’impression que sa tête allait exploser, mais il devait rester là, en attendant que Lupin prenne les décisions qui s’imposent.

-       Mangeons, en attendant, dit Lupin, je vais…

-       Dobby peut s’en occuper, proposa l’elfe, dont les yeux étaient emplis de tristesse à voir tous ses amis malheureux.

-       Merci, Dobby.

          Quelques instants plus tard, Dobby revint avec plusieurs plats qui auraient pu les nourrir trois fois. Mais ils n’avaient pas vraiment faim et Harry se força à avaler deux cuisses de poulet. Il aurait tellement aimé être dans la cuisine des Weasley, en train de discuter joyeusement comme lorsqu’il y était allé la première fois, quand la Magie l’émerveillait encore. Aujourd’hui, Magie était plus synonyme de problèmes, mais il ne pouvait pas revenir en arrière, il ne l’aurait pas voulu, il avait un destin parmi les sorciers, et il était certain que lorsqu’il l’aurait accompli, il pourrait enfin mener une vie heureuse.

          Aux alentours de vingt-deux heures, Lupin annonça qu’il allait retourner au Terrier pour parler à Arthur. Il leur demanda de rester là et, même si Ron voulut venir, tous le convainquirent de rester, pour ne pas risquer que la situation ne s’envenime.

          Pendant un très long moment, tous auraient été incapables de dire combien de temps cela avait duré, ils attendirent le retour de Lupin, sans bouger. Hermione se rongeait les ongles et Tonks bougeait ses jambes nerveusement.

          Lorsque Lupin revint, ils se levèrent tous brusquement pour aller aux nouvelles. Mais Lupin avait une larme au coin de l’œil, qu’il essuya avec sa main.

-       Quoi ? le brusqua Ron.

-       J’ai tout fait pour ne pas l’énerver, mais je ne le reconnais plus. Au moins j’ai compris pourquoi il s’est mis à agir comme cela, Fudge lui a dit qu’il le nommerait Sous-Secrétaire d’Etat s’il continuait son bon travail…

-       Sous-Secrétaire d’Etat ? s’étonna Tonks.

-       Oui, un salaire plus que doublé par rapport au sien actuellement, il y a de quoi faire tourner la tête d’un homme qui a vécu dans la pauvreté.

-       Qu’est-ce qu’on peut faire ? demanda Tonks.

-       Je m’inquiète plus pour Molly, elle n’a pas cessé de pleurer depuis tout à l’heure, je lui ai dit que vous étiez ici, en sécurité, mais Arthur lui a ordonné de rester au Terrier. Il veut que vous y rentriez immédiatement et il a dit que l’Ordre du Phénix ferait mieux de se rallier au Ministère plutôt que de faire division.

-       Et si Fudge l’avait mis sous Imperium ? demanda Tonks.

-       Oui, … papa ne peut pas être comme ça, dit Ginny, qui était bouleversée.

-       J’ai envie d’espérer que ce soit ça, dit Lupin. Quoi qu’il en soit, il faut aller voir Fudge immédiatement et lui dire qu’il retire immédiatement son idée de le nommer Sous-Secrétaire d’Etat.

-       Mais est-ce que c’est possible ? demanda Tonks. Fudge n’a jamais aimé Arthur, il ne peut pas changer du jour au lendemain au point de lui proposer de devenir Sous-Secrétaire d’Etat !

-       C’est peut-être stratégique, répondit Lupin. Arthur est quelqu’un de gentil, il ne songerait à mon avis pas une seconde à vouloir le remplacer et à provoquer sa chute. Shiner n’arrête pas de dire qu’il veut devenir Ministre et il fait tout pour acquérir de l’influence. Jusqu’à présent, ce n’était pas du tout le cas d’Arthur.

-       Mais pourquoi n’en a-t-il pas parlé ? demanda Hermione, on n’a vu aucun signe.

-       On ne l’a pas vu du tout, grogna Ron. Il fait comme Percy, maintenant.

-       Je ne comprends pas, on a toujours été heureux, même si l’on n’avait pas d’argent, ajouta Ginny.

-       Ecoutez, je suis sûr que ça va s’arranger, je vais aller voir Fudge demain matin, ensuite nous nous réunirons avec les autres professeurs pour réagir en fonction des nouvelles que l’on aura d’ici là. Je pense que vous devriez envoyer un hibou à Molly pour la rassurer, c’est tout ce que nous pouvons faire pour le moment.

          Ils écrivirent immédiatement leur lettre en y laissant chacun un message, puis ils allèrent se coucher, espérant que tout cela n’était qu’un cauchemar.

          Le lendemain matin, malheureusement, ils comprirent que tout cela s’était réellement passé lorsqu’ils allèrent retrouver Lupin dans son bureau.

-       C’est une catastrophe, dit Lupin. J’ai vu Fudge ce matin, il veut réquisitionner l’école et il a l’appui de Shiner dont c’était le projet original.

-       Et papa ? demanda Ron.

          Lupin ne répondit pas immédiatement.

-       Alors ?

-       Il est avec Fudge et Shiner, son projet va être lancé. Fudge nous a lancé un ultimatum, si ce soir la direction de l’école n’est pas donnée au Ministère, les Aurors la prendront de force. Tonks a dû rester au Ministère provisoirement. Bien sûr, elle est avec nous, mais on hésitait à son sujet. Fudge veut la garder, c’est sûr, elle est très compétente, mais ils savent qu’elle est avec nous. Alors s’ils voient qu’elle cause trop de problèmes au Ministère, ils vont vouloir l’éjecter voire pire et c’est notre dernière chance de pouvoir garder un œil sur le Ministère maintenant que l’on ne peut plus compter sur Arthur et que Kingsley n’est plus là. Tonks a déjà annoncé à Fudge qu’elle quittait son poste à Poudlard pour pouvoir rester au Ministère. Bien entendu, de mon côté, j’ai immédiatement quitté le  Ministère…

-       Mais que va-t-on faire ? demanda Hermione.

-       Le professeur Dillantis a annoncé qu’il se battrait et repousserait les Aurors. Nous sommes tous prêts à résister, mais pour l’instant, le professeur Fitz est en négociations avec Fudge.

-       Mais à quoi sert-il de détruire les Aurors ? demanda Hermione.

-       Nous n’allons pas les détruire, seulement les repousser et bloquer tous les accès à l’école. Les Aurors restent très importants pour notre communauté, ils luttent contre Voldemort, mais nous ne voulons pas qu’ils contrôlent l’école. Le Ministère est bien trop instable en ce moment, et il serait dangereux qu’il prenne tout le pouvoir.

-       Mais alors comment va s’organiser l’école ? demanda Hermione, Fudge va devoir recruter des nouveaux professeurs en si peu de temps ?

-       Il comptait conserver certains professeurs, seulement se débarrasser des plus gênants, mais nous ferons front commun. Il voudrait que les irlandais retournent chez eux. Mais ce serait horrible, maintenant qu’ils sont bien intégrés, et qu’ils avaient la possibilité de suivre des meilleures études. C’est certain que nous n’allons pas nous laisser faire. Le professeur Tanghudaï va placer des enchantements pour empêcher aux Aurors d’approcher. Nous n’avons pas d’autre choix, si nous démissionnons, Fudge va placer n’importe qui à notre place et les Mangemorts vont sauter sur l’occasion pour s’ingérer dans Poudlard. Si nous restons, nous ne pouvons pas rester là sans rien faire contre cette occupation.

-       Il vaut peut-être mieux accepter pour le moment, et puis si ça ne va pas, se rebeller, proposa Hermione.

-       Se rebeller ? s’étonna Lupin. Une fois que les Aurors seront partout ? C’est impossible, c’est dès maintenant que nous devons agir.

-       Mais les élèves, les familles, que vont-ils penser. Je suis sûre que le Ministère ne va pas tarder à vouloir nous présenter comme des dangers publics…

-       L’Ordre du Phénix sera là pour dire la vérité et nous devons nous y prendre rapidement, du moins avant que le Ministère n’agisse. Soudainement, Fudge a décidé de reprendre le Londonien, à défaut de pouvoir récupérer la Gazette. On l’espérait hier encore, mais on ne savait pas tout ça. Vous vous souvenez d’Ombrage, je crains que l’on ne vive à nouveau une situation similaire, alors nous devons prévenir tout ça avant que le pire n’arrive.

-       Au moins, cette fois, le Ministère ne pourra pas nier ce qui se passe avec Voldemort, Black et Dursley, précisa Hermione.

-       Oui, c’est peut-être la seule comparaison positive que l’on peut faire, sauf qu’avant, on ne luttait que contre Voldemort, maintenant, on lutte contre trois mages noirs, dont deux dont nous ne savons strictement rien.

-       Et les conseils d’orientation, les EMS, que compte faire le Ministère ? demanda Hermione, inquiète.

-       Je n’en sais rien, nous n’avons pas vraiment discuté de ça, il y a beaucoup d’autres choses plus urgentes. Mais je crois que l’avenir des EMS est maintenant bien compromis, sans professeurs pour y enseigner, cela sera difficile, surtout que Fudge va vouloir consacrer beaucoup de moyens aux nouvelles protections…

-       Mais c’est scandaleux, nous devons apprendre à nous défendre ! s’insurgea Hermione.

-       Ce n’est pas les EMS qui vous auraient appris à vous défendre, de toute façon, répondit Lupin. Pour cela, les cours avec Maugrey sont plus que suffisants. Vous subissez une préparation d’Aurors, voire parfois plus, même si la plupart des élèves manquent d’expérience et de concentration. Les EMS vous auraient fait étudier la théorie, c’est important pour augmenter votre Magie, mais ce n’est pas a priori le plus important pour les combats en temps de guerre. Ca ne change pas que c’est une mauvaise chose si jamais le Ministère décidait de les supprimer, surtout après tous les investissements que Scrimgeour y avait consacré.

-       A quelle heure est fixée la fin de l’ultimatum ? demanda Hermione.

-       Dix-neuf heures, répondit Lupin.

-       Ca nous laisse au moins le temps de voir venir les choses, répondit Hermione, mais c’est certain que la lutte sera utile ?

-       Oui, avec Dillantis, Tanghudaï, Maugrey, et Mrs Bett, nous avons déjà une très bonne armée, nous leur montrerons que nous n’allons pas nous rendre comme ça, mais bien sûr on attend le retour du professeur Fitz pour savoir à quoi s’en tenir, même si je n’ai pas beaucoup d’espoir de voir Fudge changer d’avis…

-       On va avoir un entraînement, dit Harry, avec Abelforth Dumbledore, cet après-midi. Mais on reviendra le plus tôt possible…

-       S’il peut venir aider, ça ne serait pas de refus, même s’il n’a jamais beaucoup participé à l’Ordre du Phénix, dites-lui que nous ne voulons pas le déranger, mais que Poudlard a besoin d’aide, il comprendra je pense.

-       Quel genre d’entraînement suivez-vous, si vous voulez me répondre seulement…

-       Oh, oui, on peut répondre, répondit Hermione. Harry suit des cours de rayonnancie pour augmenter ses pouvoirs de sorcier primaire.

-       Je me doutais que ce serait quelque chose comme ça et pas simplement des techniques de combat que tu as déjà. En attendant, je vous propose de manger un peu, vous avez besoin de prendre des forces après ces épreuves.

          Harry et Hermione avaient pu surmonter le choc mieux que Ron et Ginny, qui n’arrivaient pas à croire ce qui arrivait à leur père. Ron voulait absolument aller le voir mais pour l’instant, il était à son travail, et il valait mieux éviter d’envenimer la situation. Mais pour les réconforter, ils eurent la surprise de voir arriver Mrs Weasley.

 

 

 

 

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